Blog entry by Amina CHENTOUF
De nombreuses études ont affirmé l’existence d’une composante génétique dans le déterminisme de la dépression et estimé cette héritabilité à environ 40%. Les nouvelles stratégies de recherche en génétique clinique, employant des techniques récentes de biologie moléculaires et des analyses à l’échelle du génome, ont permis d’identifier un certain nombre de variants dans des gènes candidats pour la dépression. A ce jour, prés de 2000 études d’association génétique ont été réalisées dans la dépression afin d’identifier des gènes de vulnérabilité. Ces gènes candidats affectent plusieurs axes biologiques de la dépression, notamment la voie des neurotransmetteurs et les monoamines, les facteurs neurotrophiques et neuroprotecteurs et l’axe du stress hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
Cependant, malgré les nombreux résultats publiés, il apparaît actuellement que la puissance statistique de ces variants génétiques est peu significative et l’architecture génétique exacte de la dépression demeure peu comprise.
D’autre part, certains gènes candidats sont incriminés dans la réponse au traitement antidépresseur, en codant pour les cibles médicamenteuses. De nombreux travaux de pharmacogénétique ont été réalisés ces dernières années, mais les résultats obtenus ne permettent pas encore leur application en pratique clinique.
La dépression comme les principales affections psychiatriques est considérée comme une maladie multifactorielle et polygénique, dans laquelle de nombreux facteurs génétiques interagissent avec les facteurs environnementaux, favorisant la prédisposition à la maladie.
Parmi ces facteurs environnementaux, les évènements de vie stressants et surtout ceux intervenant précocement dans la vie, durant l’enfance, joueraient un rôle crucial dans l’augmentation du risque de la maladie à l’âge adulte. En effet, de nombreux travaux d’interaction gène-environnement et d’épigénétique, réalisés ces dernières années d’abord chez l’homme et chez l’animal ont montré que l’exposition à certains facteurs de stress comme la maltraitance pendant l’enfance influence le développement cérébral en provoquant des anomalies fonctionnelles permanentes, prédisposant les individus à des problèmes de santé mentale à l’âge adulte. Nous discuterons dans ce chapitre uniquement les aspects génétiques de la dépression unipolaire.
In : La dépression : Un problème majeur de santé publique. Sous la coordination de M. Taleb. Mai 2016.